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FAÏENCE « Tendance » ep

(13/12/2024 – Human Sounds / IDOL)

L’un vient d’Épinal, l’autre de Rouen, mais c’est en Belgique qu’ils se sont rencontrés il y a déjà quelques années : Julien Bouchard était venu assurer la première partie du groupe où Médéric ‘Med’ Gontier est guitariste (Tahiti 80). Ils partagent un goût commun pour le son des 90s, de Teenage Fanclub à Dinosaur Jr, mais l’envie déjà accomplie d’écrire en français. Même s’il répète « J’ai tendance à me perdre », on se retrouvera vite dans leur premier single, avant d’aller explorer un EP qui assume son côté pop, du spleen souriant de Suis moi à la promesse de la démo Askip, en passant par le shoegaze frenchie de De fou et la mélodie sucrée offerte par les Dents longues. Avec une telle carte de visite, ils peuvent les avoir.

STATION 44 « Roads »

(06/12/2024 – 18heures48 / Baco Records)

One man band autant que vaste collectif, Station 44 se construit autour de Simon Penard-Philippe, jeune musicien d’Angoulême oeuvrant dans une dream pop bercée de subtiles influences dub. Ce premier album est une chronique du passage à l’âge adulte et du chamboulement qu’il peut représenter. Le doute et le flou qu’il n’est pas toujours simple de clarifier (Lover Instead), la confiance dans le temps pour résoudre les problèmes (In Time feat. La Malice et son incursion en français), la nécessité de trouver sa place mais le risque de se fondre dans la superficialité (Plastic Feels) : Station 44 déploie sur ce disque une palette à la fois vaste et cohérente, brouillant les échelles de l’intime et de l’universel pour nous emmener en douceur (Over The Shining Hill) au point exact d’où s’étend tout le champ des possibles…

GRÉGOIRE GERSTMANS « Hypnagogie »

(29/11/2024 – PIAS)

C’est comme si le piano indissociable de son enfance avait rappelé le Belge Grégoire Gerstmans à sa lignée : celle d’un grand-père ayant fondé une école de musique où il fit ses armes académiques, et d’un père à la fois altiste au Philarmonique Royal de Liège, et passant sa vie en tournée comme complice de Sheller entre autres. Un piano droit et sa sourdine, avec lequel il a cherché l’épure et non la perfection, car on entend souvent les touches, le souffle, la vie derrière les mots ou les images qui l’inspirent, depuis le joli titre de la pièce donnant son nom à l’album jusqu’à L’écorce du zèbre, en passant par la valse légère Sans brume et sa souriante nostalgie, les sensations qu’il a cherché à retranscrire dans Dust, Paradoxes et Aujourd’hui, ou la surprise finale de La mer

MATT ELLIOTT « Drinking Songs Live 20 Years On »

(08/11/2024 – Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution)

Depuis qu’il tourne dans toute l’Europe et même au-delà, le désormais franco-anglais a quasi toujours puisé dans les titres de son disque le plus emblématique, Drinking Songs.  De sa voix profonde appuyée par sa guitare acoustique et désormais son saxophone, c’est en trio avec la pianiste Barbara Dang et la contrebassiste Anne-Elisabeth De Cologne (souvent à ses côtés dans les mois qui viennent) qu’il a choisi de revisiter en live cet album clé. Un voyage à travers les recoins les plus inaccessibles de l’âme, une fenêtre ouverte sur des moments de douleur, de nostalgie et de réflexion. Si quelques titres n’ont besoin que de 4 ou 5 minutes pour nous emporter (What’s Wrong, What The Fuck Am I Doing On This Battlefield ?A Waste Of Blood), le trio étire aussi délicieusement que douloureusement le poignant naufrage du Kursk, ou enchaine comme parfois en concert deux titres pour les emmener au-delà du quart d’heure (C.F Bundy / Trying To Explain, The Guilty Party / Also Ran). Hors format peut-être, ce disque est surtout l’occasion de découvrir, ou redécouvrir comme si c’était la première fois, un artiste et un album hors normes.

NONSTOP réédition 2LP « J’ai rien compris mais je suis d’accord »

(08/11/2024 – Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution)

Toujours aidé de son frère Richard ex-bassiste de Diabologum, Frédo Roman donnait en 2009 une suite à l’initiatique Road movie en béquilles, enfonçant dans le cercueil de son espoir le clou d’un hip-hop expérimental sombre, explosif et sarcastique, porté par son phrasé reconnaissable et ses textes surréalistes, aussi forts en formules chocs qu’écrasés de souffrance physique et mentale. Invité sur un titre (Robot à la viande) on retrouve logiquement Arnaud Michniak (qui naviguait alors avec Programme dans des eaux tout aussi troubles et pas très éloignées). Avec Henning Specht (Hypnolove) aux synthés, un troisième Diabologum à la réal et au mix (Denis Degioani), ce casting abrasif était complété sur quelques titres par Serge Teyssot-Gay (ex Noir Désir mais surtout Zone Libre), déjà friand de ponts entre rock et hip hop. Tout aussi obsédé par le corps et ce qui en sort, Stéphane Blanquet signait de nouveau un visuel saisissant et totalement raccord. Alors que NonStop publie cet automne un nouveau disque chez Petrol Chips (Alien au Pays des Aliénés), l’occasion était trop belle de rééditer ce deuxième album pour la première fois en vinyle. Et même en double LP, avec en face D six titres live captés en 2006 aux Eurockéennes de Belfort, lors de l’ultime concert de NonStop. Singulier, dérangeant, inégalé.

NATACHA TERTONE « Le grand déballage » réédition

(05/04/2024 – Nold Up / Believe – PIAS)

Paru en 2000, le premier et unique album de la lilloise avait reçu nombre d’éloges pour son mélange inédit de chanson sensible et ternaire, de rock bruitiste et d’electro lofi, s’ouvrant alors les portes des meilleurs festivals et d’une sélection au FAIR. Un espoir mystérieusement laissé sans suite… jusqu’à aujourd’hui, puisqu’elle remonte sur scène avec son fidèle complice Bruno Mathieu pour jouer ces chansons qui, des Cartes Postales à Tous ces moments, sont restées ancrées dans le cœur de ses premiers fans. Mais aussi pour jouer les titres d’un futur nouvel album ! En attendant, Le grand déballage ressort en CD « d’époque » ainsi qu’en version remasterisée en numérique avec une paire de bonus. Premières rencontres ou retrouvailles inespérées, elles seront fortes en émotion.

THE REED CONSERVATION SOCIETY « La société de préservation du roseau »

(02/02/2024 – Violette Records / Kuroneko)

Les orfèvres pop Stéphane Auzenet et Mathieu Blanc passent au français après trois EP anglophones. Avec le renfort entre autres de Yann Arnaud aux manettes et de l’étoile filante Natacha Tertone (sur La nage indienne et Le mont de piété), TRCS signe un premier album toujours marqué par une patte mélodique des plus habiles, et un goût pour les somptueux arrangements. Comme l’annonce la pochette de Sophie Lécuyer, la nature et l’eau sont omniprésents sur ce disque, s’inspirant de la peinture (Petit coefficient, Aux rochers rouges…), imaginant des histoires d’amour dans un monde en plein chaos (superbe premier single Pylônes), à distance (Le tamis, autre single de grande classe), parfois dramatiques sans jamais tomber dans le glauque (À cœur joie), invente une ‘murder ballad’ en VF (Molly), un blues foutraque (Saint-Elme dans le désert), et même une échappée vers l’aventure à travers un poste de radio (Laïka). Première classe, ça sonne pas mal non plus en français.