Sébastien Jamet a bourlingué un peu partout avant de revenir se poser du côté de St Brieuc. Au cours d’un de ses voyages, il est bénévole pour aider des paraplégiques à plonger : la sensation de liberté retrouvée en apesanteur par ces derniers inspirera sa musique et le nom de son groupe, Levitation Free. Face à la violence du monde illustrée par le superbe clip du 1er single When Your Sun Goes Down, il répond à sa manière avec un message d’espoir en forme de dream pop, essentiellement anglophone et sous influence Tame Impala certes, mais pas seulement. En témoignent entre autres le francophone Alessandrie ou l’entêtant Can’t Be Losing You. Prometteur.
« Supergroupe » au nom clin d’œil à celui de 4AD, This Immortal Coil est un hommage au duo Coil imaginé par Stéphane Grégoire à la mort de Jhonn Balance. La disparition de Peter Christopherson et des rencontres avec des musiciens ou des signes du destin lui ont donné envie de donner une suite à l’aventure, 13 ans après The Dark Age Of Love. Déjà présents sur celui-ci, Matt Elliott et Christine Ott sont ainsi rejoints par David Chalmin, Shannon Wright, les italiens Zü, les norvégiens Ulver, Orchard (autre « boys band » du label avec Aidan Baker, Gaspar Claus et des musiciens de Chapelier Fou et Zëro), ou le prometteur Aho Ssen. D’excellents guides pour entrer dans une création d’une impressionnante richesse…
Avant de remonter sur scène avec Thomas Bouetel aux machines et l’ex-bassiste de Marc Seberg Pierre Corneau sous le nom de KaS Product Reload, Mona Soyoc publie ce qui n’est ni un best of ni un tribute à son complice Spatsz, disparu en 2019, mais un hommage à travers 18 titres parcourant leur discographie, du début des années 80 jusqu’à des inédits qui sortent également en 45 tours sous le nom Indoor Lyfe, à savoir une version revisitée d’Above, ainsi que Foreign Land, Miracles, Taste Eternity et Doors. Un héritage, mais bien vivace.
Une volonté de cassure, de nouveau départ (mais sans illusion quant à la possibilité de se renouveler totalement) a guidé le musicien Toulousain, passé entre autres par Diabologum et Experience, à choisir de sortir de la formule duo de ses derniers albums. S’il retrouvera son complice le batteur Julien Rufié sur scène, le live se fera en trio avec la guitariste Manon Labry, mais ce nouvel album lui est solo, comme au temps de Peter Parker Experience. Donc avec des boites à rythmes et des sons électroniques, mais toujours autant de guitares tranchantes. Nous embarquant à bord de [S]on ambulance lancée à plein gaz, Cloup fait montre d’une belle énergie dans le Lâcher prise, reste fidèle à ses thèmes de prédilection et son phrasé reconnaissable entre tous tout en montrant que Vieillir n’est pas forcément renoncer. Osant finir par une relecture de L’Internationale, Michel Cloup ne fait pas table rase du passé mais s’offre mieux qu’une pirouette pour retomber sur ses pieds. Un backflip.
Un premier album mais un groupe qui a pour ainsi dire commencé il y a 25 ans, le temps pour Nicolas Cuinier (Gogo Charlton…) d’amener à maturité des chansons empruntes de sa grosse culture pop 90s, faussement fragiles mais vraiment attachantes. Tandis que Spirit On la plus ancienne (et premier single distillé quelques mois avant) s’inspire assez ouvertement de Superchunk, on entendra façon plus diffuse des influences allant de Cure à REM en passant par The Wedding Present, Daniel Johnston ou les Charlatans au gré de titres alternant accords plutôt majeur (Manage Somehow, I’m Getting Bored, Too Much of a Girl) ou plutôt mineurs (Is This Really Pleasant ?, Almost Four, A Promise of Nothing, Break-up Song), au gré logiquement des aléas de la relation amoureuse qui les a inspirées…
Après ceux de Verlaine il y a quelques années, John Greaves se penche désormais sur les mots d’Apollinaire (Alcools), parfois en Anglais dans la traduction de Samuel Beckett, souvent en Français avec tantôt son accent so british, tantôt la voix profonde de Bertrand Belin appelant La Loreley. Il retrouve aussi d’autres complices comme Olivier Mellano aux guitares, Jeanne Added au chant sur l’introductif Fête (il a cosigné des textes de son nouvel album), ou Himiko Paganotti tout aussi aérienne sur le premier extrait Mutation. Grisant.
Le « plus petit des grands festivals » tient son cap avec une programmation croisant les styles, les âges, les origines, et dans un environnement où convivialité ne rime ni avec Espace VIP ni avec ‘golden pit’. A voir cette année entre autres : The Liminanas, Cœur de Pirate, Fishbach, EZ3kiel, Jaques, Alain Damasio & Yan Péchin, Cabadzi, le « supergroupe » Mid Band avec les plus fines gâchettes musicales de la région, Star Feminine Band, Herman Dune, BRNS, Mule Jenny ou encore les suisses Honey For Petzi.
La solitude pousse-t-elle à partir à la rencontre de l’autre ? Toujours seule en scène, la Nantaise Suzy LeVoid explique combien la découverte d’une altérité nourrit sa création, au point d’avoir choisi pour ce deuxième album toujours anglophone un titre en allemand, accentuant la distance avec cet étranger dont il est question. On n’a pourtant pas l’impression qu’elle est seule, tant ce nouvel album est riche. Il parvient à s’appuyer sur les solides bases du premier (celles d’un rock abrasif aux fureurs jamais gratuites et sachant aller à l’essentiel sans s’assécher), pour s’ouvrir. S’ouvrir à d’autres styles (Not The End lorgnant vers une pop urbaine où on ne l’attendait pas), à d’autres sons (gimmicks electro entêtants de Sleeping Dog, nappes oniriques de The One That Loves), d’autres façons de faire cheminer rythmes et ambiances (I Belong To The Dead, Did We Ever), à un calme certes toujours inquiet (The One That Kills), à la lenteur même (poignant The Path), voire à une impressionnante amplitude vocale (Unbeknownst). A l’instar de l’introductif Ones, il y a souvent plusieurs facettes dans les créations de Miët, aucune ne laissant deviner quelle sera la suivante, comme dans une rencontre où le premier regard ne saurait suffire si le sujet est digne d’intérêt. Un concept illustré avec brio par le saisissant visuel de cet album : on n’a pas fini en somme, de faire le tour de la question.
Après le spatial et acclamé Vie future, retour sur terre et même sur ses terres pour Agnès Gayraud aka La Féline, avec un nouvel album portant le nom d’Une ville moyenne de province où elle a grandi. De la chanson nourrie de multiples influences allant du rock à la trap, qu’elle défendra sur scène en quartet. Des rendez-vous et des promesses (Place de Verdun), des mises en garde (Va pas sur les quais de l’Adour), des espoirs (Dancing), la musique si importante déjà (Je dansais allongée) : étendant encore le vaste territoire de La panthère des Pyrénées, affirmant avec brio son statut d’artiste qui compte dans un monde trop balisé, La Féline nous entraîne sur des chemins qui n’appartiennent qu’à elle.
A l’instar d’un Matt Elliott, le picard Vadim Vernay a emprunté un chemin à contre-courant, partant des machines et de l’electro 100% instrumental pour aboutir aujourd’hui à une proposition où le folk de songwriter le plus épuré (Bad Land Alley, That Curse…) se mêle à l’énergie noire et contenue d’un post-rock habité (How) ou de formats plus pop faisant plus (Your Smile) ou moins (Gallows Tree) entrer la lumière. Le tout hanté par nombre d’ombres féminines (Lucky Enough, Quick Sands), de celles qui aident à tenir bon…