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GONTARD « 2032 »

(21/04/2023 – Petrol Chips / Inouïe Distribution)

Après son dernier album Akene qui nous renvoyait dans la parenthèse presque insouciante du tournant 75/85, le valentinois donne comme prévu une suite à son uchronie 2029. Un avenir où deux sociétés distinctes se mettent en place : d’une part le régime officiel géré par la nouvelle noblesse et ses droïdes, d’autre part la Communauté du Nord, zone tolérée, constituée d’agriculteurs, scientifiques, poètes, garçons et filles de joie. Voici le nouvel épisode du western social où Gontard et le narrateur-miroir Akène Guetno nous entrainent dans leur parcours, ambiance corde et potence (Ce qui restera de nous), Ballades mélancoliques (Juste quelques flocons qui tombent, Allonsanfan…) et remises à jour 2.0(32) du rocksteady (Seul le croque-mort a pleuré) ou de sonorités et ambiances un peu indiennes / un peu hippies (La nuit disparue, Krishna 2032). Horizon musical élargi donc, mais toujours au service du propos, journalisme social et critique d’un monde d’après, où restera l’espoir de faire Reset

TARA KING TH. « Конец (La Fin) »

(21/04/2023 – Petrol Chips / Inouïe Distribution)

Complice de Gontard à la production ou aux claviers, Ray Bornéo met fin avec ce disque à 20 années d’un parcours chaotique mais passionnant, celui de son désormais one man band Tara King Th. Avec Erik Stefanini (déjà co-auteur de Fantaisies Stellaires), il a écrit l’histoire d’une jeune femme, Yelena, qui part seule pour un long périple vers l’inconnu au coeur de l’immensité Russe, à la recherche d’un peuple mystérieux et ancestral du Kamchatka qui pourrait la sauver, elle et ses proches, d’une terrible menace. Macha a traduit en russe les textes de cet album et se les est appropriés pour retranscrire et incarner parfaitement les différentes facettes du personnage principal, tantôt douce et fragile, tantôt farouche et déterminée. Appuyé par la chorale de poche de la jeune Zel (également signée chez Petrol Chips), les sons synthétiques inventifs, les orchestrations ultra-baroque et la dextérité mélodique de Tara King Th. nous entrainent dans une sorte d’opéra-indé sans équivalent. À qui aurait peur de se frotter à la langue d’un vilain dictateur, on rappellera qu’il n’est rien face à l’immensité de ce pays qu’on visite ici par l’imagination, de La traversée du Kamtchatka (Переход Камчатки) à l’implacable force de Одержимые Тундрой (Les Possédés de la Toundra) en passant par la fascinante beauté de Балет падающих листьев (Le Ballet de feuilles mortes).

MATT ELLIOTT « The End of Days »

(31/03/2023 – Ici d’ailleurs / L’Autre Distribution)

Depuis les sons électroniques torturés de son projet d’origine The Third Eye Foundation, entamé à Bristol au milieu des années 90, jusqu’aux prestations solo épurées avec une simple guitare classique et sa voix profonde, qui l’amènent à jouer dans toute l’Europe, Matt Elliott a dessiné un parcours aussi singulier qu’admirable. Ce chemin n’est pas qu’une quête d’épure pour le désormais franco-britannique installé de longue date à Nancy (brexit oblige, il a demandé et obtenu sa nationalité). Il s’est mis au saxophone, mais qui l’a vu sur scène sait déjà qu’il n’a en rien altéré la saisissante beauté de ses créations, au contraire : aidé par la contrebasse de Jeff Hallam, la production de David Chalmin et son piano (joué sur scène par Barbara Dang), Matt a trouvé un vecteur supplémentaire pour faire passer l’émotion. Après January’s Song distillée au milieu de l’hiver pour en traduire la froide beauté, on découvre les tentations presque orchestrales de longues pièces pour qui les formats importent peu, jusqu’aux nuances d’Unresolved témoignant du chanteur accompli qu’il peut désormais assumer d’être. Matt Elliott chante cet espace infime, cet entredeux entre la joie intense et le chagrin absolu, cette frontière entre l’indicible et le partagé…

FOREST POOKY « Violets are Red, Roses are Blue and Dichotomy »

(17/03/2023 – Kicking Records / PIAS)

Après une enfance aux USA (comme ses grands frères d’Uncommonmenfrommars), Forest Pooky a passé son adolescence en Ardèche. S’il a depuis emménagé à Lyon, promené son « folk-punk » en solo sur plusieurs continents pour plus de 1000 concerts et publié quelques splits EP et autres recueils de reprise, c’est ici seulement son 2e album. Il le défendra sur scène en quartet. Du moins tant qu’il y prendra du plaisir, ce qu’il raconte sur le premier single If I Get Sick of It (et son clip sur le mode « que faire d’autre ? »), juste ce qu’il faut d’anachronisme pop dans les chœurs et les guitares gorgées d’accords majeurs pour mettre un peu de soleil. Il sait aussi se faire plus tendre et un peu crooner sur Voice of Silence, Jojo ou Fog voire Crazy Heart, sans pour autant délaisser l’énergie (The Ceiling and the Floor, What You Gonna Do), mais souvent simple et pop (Wallflower, I Know What Love Is). Chaleureux et attachant.

GEINS’T NAÏT + LAURENT PETITGAND + SCANNER « Ola »

GEINS’T NAÏT + LAURENT PETITGAND + SCANNER « Ola »

(03/02/2023 – Mind Travels / Ici d’Ailleurs / L’Autre Distribution)

Evoqué dans le documentaire Who Killed Nancy aux côtés de KaS Product (dont il fut batteur au début des 80s), Thierry Mérigout aka Geins’t Naït réunit à ses côtés deux artistes avec lesquels il a déjà collaboré. D’une part Laurent Petitgand, alter ego de longue date (et par ailleurs complice habituel de Wim Wenders), avec qui il a déjà publié trois albums sur Mind Travels. D’autre part Robin Rimbaud (nom en trompe l’œil puisqu’il est anglais) aka Scanner, référence de la scène ambient. En résulte un album intense et immersif, froid et mécanique souvent, sombre et pourtant étrangement rassurant, hantée par des voix fascinantes comme celle de Gilles Deleuze (Gilles). « Ola, c’est mon chien d’attaque, y a longtemps que j’en voulais un » : n’en ayez pas peur, apprivoisez-le…

MELAINE DALIBERT « Magic Square »

(20/01/2023 – FLAU / Bigwax Distribution – éditions Ici d’Ailleurs)

Après un Shimmering chez Mind Travels / Ici d’ailleurs fort apprécié (et repris par Vanessa Wagner), le pianiste et compositeur rennais signe un nouveau disque, cette fois sur un label japonais. La très mélodique A Song est d’ailleurs dédiée à Ryuichi Sakamoto. La vitalité de Perpetuum Mobile ou le côté pop de Five cohabitent dans un subtil équilibre avec l’audacieuse lenteur de Choral, les cycles agités des sept temps de Ritornello ou la simplicité de Prelude. Bande sonore de nos brefs manques d’attention à la réalité, c’est une musique née et conçue pour rêver…

LEVITATION FREE « When Your Sun Goes Down » ep

LEVITATION FREE « When Your Sun Goes Down » ep

(20/01/2023 – Chapelle Prod / Kuroneko)

Sébastien Jamet a bourlingué un peu partout avant de revenir se poser du côté de St Brieuc. Au cours d’un de ses voyages, il est bénévole pour aider des paraplégiques à plonger : la sensation de liberté retrouvée en apesanteur par ces derniers inspirera sa musique et le nom de son groupe, Levitation Free. Face à la violence du monde illustrée par le superbe clip du 1er single When Your Sun Goes Down, il répond à sa manière avec un message d’espoir en forme de dream pop, essentiellement anglophone et sous influence Tame Impala certes, mais pas seulement. En témoignent entre autres le francophone Alessandrie ou l’entêtant Can’t Be Losing You. Prometteur.

THIS IMMORTAL COIL « The World Ended A Long Time Ago »

THIS IMMORTAL COIL « The World Ended A Long Time Ago »

(09/12/2022 – Ici d’Ailleurs / L’Autre Distribution)

« Supergroupe » au nom clin d’œil à celui de 4AD, This Immortal Coil est un hommage au duo Coil imaginé par Stéphane Grégoire à la mort de Jhonn Balance. La disparition de Peter Christopherson et des rencontres avec des musiciens ou des signes du destin lui ont donné envie de donner une suite à l’aventure, 13 ans après The Dark Age Of Love. Déjà présents sur celui-ci, Matt Elliott et Christine Ott sont ainsi rejoints par David Chalmin, Shannon Wright, les italiens Zü, les norvégiens Ulver, Orchard (autre « boys band » du label avec Aidan Baker, Gaspar Claus et des musiciens de Chapelier Fou et Zëro), ou le prometteur Aho Ssen. D’excellents guides pour entrer dans une création d’une impressionnante richesse…

KAS PRODUCT « Tribute »

(18/11/2022 – Pussy Disc – IDO Productions / L’Autre Distribution)

Avant de remonter sur scène avec Thomas Bouetel aux machines et l’ex-bassiste de Marc Seberg Pierre Corneau sous le nom de KaS Product Reload, Mona Soyoc publie ce qui n’est ni un best of ni un tribute à son complice Spatsz, disparu en 2019, mais un hommage à travers 18 titres parcourant leur discographie, du début des années 80 jusqu’à des inédits qui sortent également en 45 tours sous le nom Indoor Lyfe, à savoir une version revisitée d’Above, ainsi que Foreign Land, Miracles, Taste Eternity et Doors. Un héritage, mais bien vivace.